mercredi, janvier 8, 2025

Le taux d’indépendance énergétique fond au fil des mois

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Le taux d’indépendance énergétique en Tunisie a chuté de manière significative, passant de 49 % à fin août 2023 à seulement 42 % à la même période en 2024. Ce ratio, qui mesure les ressources d’énergie primaire par rapport à la consommation, révèle un déficit croissant dans la production énergétique nationale. En excluant la redevance sur le transit du gaz algérien, ce taux tombe encore plus bas, atteignant 31 % en 2024 contre 38 % un an plus tôt, selon le rapport de l’Observatoire national de l’énergie et des mines.

Un déficit énergétique en forte hausse
Le bilan énergétique primaire pour 2024 montre un déficit de 3,6 millions de tonnes équivalent pétrole (Mtep), en hausse de 14 % par rapport à 2023. Cette détérioration s’explique principalement par une baisse de 15 % des ressources d’énergie primaire, qui se sont établies à 2,6 Mtep à fin août 2024. Cette diminution résulte de la baisse de la production nationale de pétrole brut et de gaz naturel, qui dominent encore les ressources primaires à hauteur de 69 %.

Rôle limité des énergies renouvelables
Malgré les efforts en faveur de la transition énergétique, la part des énergies renouvelables dans les ressources primaires reste marginale. En effet, l’électricité produite à partir de sources renouvelables, incluant la STEG, le secteur privé et l’autoproduction, représente seulement 2 % des ressources énergétiques totales. Par ailleurs, la redevance sur le transit du gaz algérien a diminué de 4 % par rapport à 2023, aggravant encore le tableau.

Stabilité apparente de la demande énergétique
La demande d’énergie primaire est restée globalement stable entre 2023 et 2024. Cependant, cette stabilité cache des évolutions contrastées : une diminution de 2 % de la demande en gaz naturel, en raison de la limitation des importations de gaz algérien, et une hausse équivalente pour les produits pétroliers. Cette situation a conduit la STEG à recourir à l’importation d’électricité pour couvrir les besoins nationaux.

La structure de la demande montre également un léger changement : la part des produits pétroliers est passée de 48 % en 2023 à 49 % en 2024, tandis que celle du gaz naturel a reculé de 51 % à 50 % sur la même période.

Perspectives et recommandations pour redresser la situation
L’amélioration du taux d’indépendance énergétique dépend en grande partie de l’augmentation de la production nationale d’hydrocarbures. Une telle initiative permettrait non seulement de réduire le déficit commercial, mais aussi de renforcer les ressources budgétaires du pays.

Toutefois, plusieurs obstacles entravent cet objectif. Parmi eux, la perception de risques fiscaux élevés et une communication insuffisante sur les orientations stratégiques de l’État. L’Institut tunisien des études stratégiques recommande un cadre clair et cohérent, impliquant des directives explicites de la part de la Haute Autorité, notamment envers les structures telles que le Ministère chargé des hydrocarbures et l’ETAP.

Restaurer la confiance des investisseurs
Pour attirer de nouveaux investissements dans le secteur des hydrocarbures, la Tunisie doit lever toute ambiguïté sur sa politique énergétique. Les investisseurs étrangers perçoivent parfois certaines initiatives comme une menace de nationalisation déguisée. Cette perception négative, combinée à des textes réglementaires flous, freine les initiatives privées.

La stabilité fiscale et réglementaire, ainsi qu’une communication transparente, sont donc essentielles pour rassurer les acteurs du secteur et encourager leur engagement à long terme. Un environnement clair et prévisible est un prérequis pour stimuler l’exploration et la production, et ainsi contribuer à un redressement durable de l’indépendance énergétique du pays.

En conclusion, un effort concerté entre les autorités, les investisseurs et les opérateurs locaux est nécessaire pour redresser la barre et garantir la sécurité énergétique de la Tunisie dans les années à venir.

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