Face à l’urgence climatique, la Tunisie s’engage résolument dans une transition écologique de son secteur du froid. Longtemps dépendante de gaz fluorés, notamment les chlorofluorocarbures (CFC) et les hydrochlorofluorocarbures (HCFC), l’industrie tunisienne a su adapter ses pratiques grâce à des politiques volontaristes et à un accompagnement technique.
Des progrès significatifs grâce au protocole de Montréal
En adhérant au protocole de Montréal, la Tunisie a réussi à éliminer progressivement les substances les plus nocives pour la couche d’ozone. Les HCFC, qui contribuent significativement au réchauffement climatique, ont vu leurs émissions chuter de 55% en quelques années, grâce à des programmes de formation et à des investissements dans des technologies alternatives. Cet effort est d’autant plus remarquable que le pays s’est fixé un objectif ambitieux : réduire de 80% l’utilisation des HCFC d’ici 2045.
Une pression internationale accrue et des opportunités à saisir
La Tunisie fait face à une pression internationale croissante pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. L’Union européenne, principal partenaire commercial du pays, a mis en place des mécanismes contraignants comme les quotas de HFC et la future taxe carbone aux frontières. Ces mesures, bien que représentant un défi pour les entreprises tunisiennes, offrent également de nouvelles opportunités pour développer une industrie du froid plus compétitive et plus respectueuse de l’environnement.
Un enjeu majeur pour la sécurité alimentaire
Au-delà des enjeux environnementaux, la transition écologique du froid revêt une importance stratégique pour la sécurité alimentaire. En effet, les pertes alimentaires dues à un manque d’infrastructures de réfrigération sont considérables en Afrique du Nord. Une industrie du froid performante permettrait de réduire ces pertes, d’améliorer la qualité des produits et de renforcer la compétitivité des agriculteurs.
Vers une filière du froid structurée et durable
Pour réussir cette transition, il est essentiel de structurer la filière du froid en Tunisie. La création d’agences nationales dédiées permettrait de renforcer la réglementation, de promouvoir les bonnes pratiques et de favoriser l’émergence de nouvelles technologies. Les acteurs de la filière, qu’il s’agisse des fabricants, des installateurs ou des utilisateurs, doivent être accompagnés dans cette mutation vers un modèle économique plus durable.
La Tunisie est à un tournant de son histoire industrielle. La transition écologique du secteur du froid est un défi majeur, mais aussi une opportunité pour le pays de se positionner comme un leader régional en matière de développement durable. En s’appuyant sur les acquis du protocole de Montréal et en anticipant les évolutions réglementaires internationales, la Tunisie peut construire une filière du froid moderne, performante et respectueuse de l’environnement.